C'était le 14 juin 2007, et tout le monde s'accordait à dire que l'OL venait de réaliser LE gros coup de ce mercato estival. L'arrivée de Kader Keita -en même temps que celle de Mathieu Bodmer- pour le prix de 24 M€ les deux, dont 18 M€ pour l'Ivoirien- dans le Rhône annonçait une année exceptionnelle sur le plan offensif pour l'OL, et terriblement dure pour Sydney Govou, titulaire du poste d'ailier droit depuis 8 ans. Keita faisait en effet parti des 4 prétendants au trophée UNFP du meilleur joueur de Ligue 1 2006/2007, à la suite d'une saison impressionnante avec le LOSC et d'un bon parcours en Ligue des Champions. Il était un de ces joueurs imprévisibles, au style bien à lui, capable de faire basculer un match sur un geste, avec l'expérience de la Coupe d'Europe. Claude Puel, alors entraineur du LOSC, l'avait fait venir du Quatar en juillet 2005 de l'Al Saad Doha. Joueur trop dispersé, il avait réussi à le "façonner" et à en faire un véritable bijou, pièce maitresse de l'attaque lilloise. Auteur de 9 buts en 36 matchs, les 18 M€ demandés par le club n'étaient pas exagérés, et Jean-Michel Aulas n'hésita pas à les mettre sur la table. Et tout Lyon s'enflamma. Un peu trop.
Son début de saison fût un calvaire. Propulsé titulaire par Alain Perrin (qui ne l'aurait pas fait ?) Keita peina à convaincre, malgré quelques tentatives de beaux gestes (Lyon-Auxerre). Son plus mauvais match fût sans aucun doute contre Monaco, totalement à côté. L'émergence de Ben Arfa lui fût fatal. Et la presse s'acharna sur lui. Les 18 M€ ont incontestablement pesé sur lui. Trop de pression, trop d'attente. Lui qui avait toujours joué dans des club moins huppés, moins intéressants pour la presse, le voilà propulsé sur le devant de la scène, avec un statut de magicien à assumer.
Son premier but vînt le 31 octobre, en 8ème de finale de la Coupe de la Ligue, contre Caen. Pas vraiment un exploit. Et ça ne le relança pas. Au même moment, Ben Arfa explosait tout sur son passage et affolait les défenses. La trêve hivernal lui fît du bien, et malgré sa première moitié de saison chaotique, il fût convoqué par Henri Michel avec la sélection Ivoirienne pour disputer la CAN 2008. Totalement débarrassé de ses complexe lyonnais, au milieu de ses potes, Keita fera une grande compétition et en sera l'un des meilleurs joueurs. Avec 4 buts à son actif, il revient à Lyon en confiance. Mais Perrin n'est pas convaincu. Il faudra attendre le mois de mars, et la disgrâce de Ben Arfa par Perrin pour que Keita retrouve une place sur le côté droit. Il arrive tout de même à inscrire 4 buts, dont un doublé face à Monaco, en 30 matchs. La saison s'achève et Keita peu être rassuré : Alain Perrin s'en va, et son ancien entraineur du LOSC, Claude Puel, prend sa place.
Les deux hommes se connaissent bien, après quatre saisons ensemble à Lille. Mais une blessure à son bras droit l'empêche de débuter sa saison en aout. Il ne reviendra qu'en septembre, avec toute la confiance de Puel. Son formidable but face au Steaua Bucarest sonne la révolte des lyonnais. Mais depuis son arrivée à Lyon, Keita n'est plus le même joueur. Il s'est passé quelque chose. La montée en puissance de Delgado lui fait concurrence, Puel préférant plusieurs fois l'argentin à l'ivoirien. Sa non-convocation face à Bordeaux en Novembre pour cause de retard à l'entrainement est un symbole. Keita doit se remettre en question. La rigueur de Puel ne peut être que bénéfique pour un joueur si dispersé, notamment sur le terrain. Un "chien-fou" comme le surnomme certains supporteurs !
Le prix de son transfert a incontestablement pesé sur lui, mais plus d'un an plus tard, on sent Keita prendre ses marques au sein de l'OL. Plus dans un rôle de joker que de titulaire, la machine commence à être rôdé. C'est un joueur qui a besoin de confiance, de soutien. Son jeu durant la CAN 2008 en atteste : au sein de ses amis, il s'est retrouvé. Encore quelques mois, et Kader Keita devrait pouvoir confirmer tous les espoirs placés en lui entre Rhône et Saône.